Ma vie est une inlassable quête pour combler mon besoin d’appartenir à un groupe. Je ne sais pas trop à quoi j'ai voulu appartenir, mais dès mon primaire j’ai ressentit ce besoin de faire partie du club des jeunes génies, plus tard mon urgence serait de participer à celui des intellos. Ma faim masquait mon profond doute que j’étais différent; que j’étais unique. 
Pas unique au monde, mais unique dans mon monde. Ma mère a rempli la maison de peintures et de photos mettant en scène des personnes de couleur. Elle voulait que je me sente moins seul. Mais elle m’a donné un autre cadeau ; elle a fait de moi un nerd de culture. J’ai longtemps contourné le courant primitif inspiré par Paul Gauguin, mais l’hiver les couleurs vibrantes me remontait le moral. Allez savoir pourquoi…
Durant on adolescence, mon doute de ma solitude s’est creusé. J’ai réalisé que mes intérêts étaient totalement extraterrestres à ceux des autres. J’ai aussi découvert que j’étais gai. Ma quête a été de me trouver une communauté de nerds, ou une communauté gaie ou une communauté haïtienne.
Pendant longtemps, j’ai cru que toutes mes expériences étaient irréconciliables. Je ne pouvais pas être nerd, Noir et gay. Et j’ai découvert James Baldwin. Et j’ai découvert Kimberly Crenshaw. J’ai découvert que ce ne sont pas mes expériences qui posent problème, mais la manière dont les groupes fonctionnent.
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Selon l’auteure Kimberley Crenshaw, tout au long de l’histoire américaine, les femmes afro-américaines ont été ignorées et dévaluées. D’un côté, le mouvement féministe a longtemps négligé les expériences noires, parce qu’il s’est centré sur les besoins des femmes blanches vivant dans les banlieues cossues. D’autre part, les revendications des femmes Noires ont été infériorisées dans le mouvement des droits civils au nom de l’unité. Les femmes Noires se retrouvent donc sous le poids du racisme et du patriarcat, rendant impossible leur émancipation. Autrement dit, la double identité de ces femmes les mettait dans deux groupes d’appartenance qui ne les embrassaient que pour leur profit ; l’expérience d’être femme de couleur en Amérique est par définition intersectionnée, morcelée.
Voici une excellente entrevue avec l’auteure Barbara Smith. 
Pourtant, les expériences particulières des femmes de couleur et des autres personnes marginalisées sont légitimes et elles sont incontournables. Selon Barbara Smith, ces expériences sont des politiques d’identités — identity politics — les expériences individuelles doivent être le point de départ pour les revendications politiques. (The Combahee River Collective Statement) Si on se soucie des besoins des personnes les plus vulnérables, alors on supportera le développement du plus grand nombre de personnes. 
Si on se soucie des besoins des personnes les plus vulnérables, alors on supportera le développement du plus grand nombre de personnes. 
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Selon Helen K. Pao, les initiatives pour la diversité et inclusion captent seulement une partie très limitée du prisme des identités. (Sur Medium) Par exemple, les entreprises créent des programmes pour motiver l’inscription des femmes dans les sciences. Cependant, beaucoup de ces initiatives sont inaccessibles aux femmes de couleur qui vivent hors des grandes régions urbaines. Pao conclut que les organisations seront seulement inclusives, si elles élargissent leur compréhension de la diversité et de la complexité des discriminations. La prochaine étape est de remettre en question le culte de l’expérience, un biais à la fois.